samedi 19 avril 2014

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis




"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.


Broché: 219 pages
Editeur : Seuil (3 janvier 2014)
Collection : CADRE ROUGE
Langue : Français


Une histoire de jeunesse comme il en existe tant d'autres où les familles cotoient la misère le chômage, les brimades, les difficultés financières , la précarité...
A travers ce récit, on suit le jeune Eddy, mal dans sa peau, qui vit dans un village au fin fond de la Picardie, entouré d'un père violent, d'une mère pas très futée et de ses frères et soeurs qui eux se sont coulés dans le "moule".
Dans cette campagne profonde, les hommes, de père en fils travaillent à l'usine et les filles sont caissières. 
Eddy est différent. Depuis toujours, les gens le trouve bizarre. Il est manièré, a une voix aigue, il n'aime pas le foot, il est la honte de ses parents pour qui un garçon doit être un dur, un vrai. 
Depuis toujours, Eddy est seul, il n'a pas d'amis. Les jours d'école, il se fait systématiquement tabassé par les "grands". Il subit en silence, sans jamais se plaindre. 
Eddy aime les garçons, il est homosexuel. Il s'en rendra compte assez vite en partageant des "jeux" avec d'autres jeunes gens. 
Mais Eddy, de par son attrait pour les études et le théatre va s'en sortir. Il finira à l'école supérieure nationale. 
Ce témoignage, car effectivement Edouard Louis, l'auteur, dans ce récit, nous conte sa propre enfance. Ce récit est assez fort. On ne peut y rester insensible. 
Cependant, en lisant ce livre, j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver à une autre époque. 
Même au fin fond de la Picardie, je ne suis pas sûre que les "jeunes" n'ont d'autres choix que finir soit à l'usine pour les garçons soit caissière pour les filles. La violence à l'école existe malheureusement partout et il est bien de la dénoncer. Difficile de penser qu'il n'y ai eu aucune note positive dans sa vie d'enfant. 
Mon sentiment quant à ce récit est partagé. Peut-être influencée par les différents interviews des proches de l'auteur que j'ai lu.... Je l'ai vraiment trouvé sombre, très, trop sombre....



2 commentaires:

  1. Je l'ai lu pour le prix du Roman des étudiants et en lisant une interview de l'auteur, il expliquait qu'il n'avait pas grossi le trait du contexte de sa ville natale, et que certaines maisons d'éditions l'avait refusé car pensaient que c'était trop caricatural et fait exprès alors que nous. Une lectrice vivant en Picardie, à dans son avis expliqué que dans certaines régions c'était encore le cas malheureusement. Je suis natif d'une petite ville et certaines réactions sont les même chez moi.
    Mais il est vrai que l'on peut être partagé dans ce roman, c'est à recevoir en pleine figure et ça fais mal !

    RépondreSupprimer
  2. Un roman qui a un beau succès à la biblio. Je vais peut-être me laisser tenter (...quand j'aurai plus rien à lire hihihi)

    RépondreSupprimer

N'hésitez pas à me laisser votre commentaire,ça fait toujours plaisir...